055
38° 34' 43" N
41° 35' 53" E
Վանդիր կամ Սուրբ Աղբերկայ վանք

Le Monastère de Vantir ou de Saint-Aghpérig

(Vantir ou Sourp Aghperga Vank‘)
Le Monastère de Vantir ou de Saint-Aghpérig
Share Page

C’est dans la partie septentrionale du massif du Sassoun et au sud-est de Mouch [Muş], dans le canton arménien de Khouyt‘, que s’élève à 1950 m d’altitude le monastère de Vantir, à 38° 34' N et 41° 35' E ; adossé aux montagnes de Khatcharadch, il est situé en contre-haut du village de Gdzank‘ [Ikizler] dans la haute vallée de la rivière de Khouyt‘ [Huyut Dere], qui constitue en amont de Bëlëkank‘ [Blekan] le pays de Prnachen. Il est plus fréquemment appelé Saint-Aghpérig (Sourp Aghpérig « Les Saintes-Sources »), par allusion à sa fontaine (aghpiur) thaumaturge et aux nombreuses sources qui naissent à l’entour, ou, selon une tradition ancienne, en raison de la présence d’une relique de la Croix qu’aurait bénie Jacques, frère (eghpayr) du Christ. Cette relique a pris le nom de Kordzelharouyts Sourp Nëchan « Saint-Signe de la Résurrection du Carbonisé » pour avoir redonné vie, au temps du roi Sempad Ier et de la reine Chahantoukhd, à un enfant tombé dans un four de terre. Cités dans la charte du monastère, ce souverain et son épouse ont régné dans la seconde moitié du Xe siècle sur le royaume de Siunie, en Arménie orientale. Si le monastère est cité au XIIIe siècle par l’historien et géographe Vartan, il est indubitablement beaucoup plus ancien : conservée sur les lieux, une stèle ourartéenne re-gravée au nom d’un docteur Ignace (Iknadios) portait la date de 903. La plus ancienne et la plus petite de ses deux églises, celle de Saint-Thaddée, est attribuée à un certain prince Prnig (< Prnavor), par ailleurs inconnu ; l’autre, à tambour et à dôme, au prince Viken Mamigonian († 1176), dont elle a accueilli en 1165 la sépulture du fils Tchordwanel ; probablement aussi la sienne puisqu’elle était alors le tombeau des dynastes Mamigonian du Sassoun.

L’histoire est relativement silencieuse au sujet de Saint-Aghpérig, qui ne semble pas avoir abrité un important atelier de copie. Le copiste Melk‘isset‘ se signale cependant en 1428 dans ses murs, et un copiste Pierre (Bédros) en 1653, sous l’abbatiat de David (Tavit‘) ; un hymnaire rejoint sa bibliothèque en 1636. Un évêque Grégoire (Krikor) y est cité en 1704, et l’évêque et prieur Antoine (Andon) en 1794 et 1802. En 1741, le monastère avait été l’enjeu d’un conflit entre les Arméniens sassouniotes et le bey Alladdin. Après en avoir pillé les richesses et brûlé les manuscrits, ce dernier avait menacé de le faire démolir, mais y avait renoncé après qu’une entente fut établie. Le monastère devait être pillé à nouveau en 1877 et pendant les massacres de 1895, dans lesquels devait périr le prieur Ghazar. Une école accueillant des orphelins y avait été ouverte dans la deuxième moitié du XIXe siècle. Le dernier supérieur de Saint-Aghpérig a été le P. Khatchadour, mort martyr en 1915.

Le monastère de Saint-Aghpérig comprend :

(A) L’église Saint-Thaddée, mononef triabsidiale de 11,7 × 8,9 m probablement antérieure au Xe siècle mais remaniée, à niches sous arcatures, voûte en berceau brisé et doubleau, aux absidioles surmontées de deux chambres latérales. Sous l’absidiole nord surgit la source thaumaturge dont l’eau, canalisée, était recueillie au sud-est dans un bassin extérieur. À l’angle sud-est de la nef se trouvait la tombe du prieur Antoine.

(B) Contre la façade ouest de cette église, le narthex Saint-Étienne, édifice de 15 × 12 m de datation incertaine également remanié, à voûte en berceau brisé, niches sous arcatures et doubleaux sur impostes. Elle abritait la tombe de l’évêque Grégoire († 1704).

(C) Au nord de l’église Saint-Thaddée et communiquant avec elle à travers un passage couvert en voûte d’arêtes, l’église Saint-Sauveur (Sourp P‘rguitch), dite aussi Saint-Précurseur (Sourp Garabed) en raison de la dédicace de l’un de ses autels à saint Jean-Baptiste. Elle a été bâtie postérieurement à l’église Saint-Thaddée par le prince Viken Mamigonian vers le milieu du Xe siècle. Il s’agit d’une église en croix inscrite de 14,1 × 10,6 m, à piliers en dièdre, coupole sur tambour polygonal et coiffe pyramidale, aux absidioles surmontées de deux chambres latérales, et flanquée, de part et d’autre du bras ouest, de chambres originairement cloisonnées. Elle est appelée Innkhoranian « Aux neuf autels » dans un mémorial de 1169. Cette rare disposition rappelle celle de l’église de la Sainte-Croix de Khizan, au sud du lac de Van (n° 25).

(D) Dans l’exact prolongement vers l’ouest de cette seconde église, le narthex de l’Illuminateur, édifice de 12,6 × 9,5 m à quatre piliers centraux et huit piliers engagés délimitant neuf compartiments inégaux couverts en calotte, datant vraisemblablement du XVIe ou du XVIIe siècle. Sa façade ouest est alignée sur celle du narthex Saint-Étienne avec lequel elle communique et sur lequel a empiété sa construction.

(E) Un clocher, d’environ 11,3 × 5,6 m à la base, élevé tardivement devant le narthex de l’Illuminateur.

• Une forte enceinte, à laquelle étaient adossés au sud et au sud-est les logements des pèlerins, l’économat, la prélature et l’école, et du côté ouest les cellules des moines et l’écurie. Les étables ne donnaient pas dans la cour du monastère.

Englobant la totalité du canton de Khouyt‘, la juridiction de Saint-Aghpérig s’était autrefois étendue bien au-delà, jusqu’à Paghèche [Bitlis] au sud-est et Manazguerd [Malazgirt] au nord-est, ville qui était toujours dans son ressort au début du XIXe siècle. Le monastère possédait d’importants pâturages. Il était pour tous les habitants de la région, y compris pour les Kurdes, un lieu vénéré de pèlerinage.

Confisqué après la Grande Guerre, le monastère de Vantir ou Saint-Aghpérig a été laissé à l’abandon, servant le plus souvent d’étable et de bergerie. De l’enceinte et des bâtiments communs il ne reste que des traces. Le bloc des édifices du culte, toujours en place, est gravement dégradé. Là comme ailleurs, toutes les pierres de couverture au-dessus des superstructures en briques ou d’encadrement ont disparu ; l’église Saint-Thadée et le narthex de l’Illuminateur sont effondrés en plusieurs endroits ; il manque à l’église Saint-Sauveur une grande partie de sa coiffe au-dessus du tambour ; on ne voit du clocher que la voûte béante de la nef qui lui servait de support.

Safrasdian, 1923, 357-360. Safrasdian, 1934, 70-75. Khatchikian, 1955-1967, I, 385-387 ; II, 675 ; III, 561. Sassouni, 1956, 376-377. Bédoyan, 1965, 31-32 et carte H.T. Devgants, 1985, 68-69.

055
38° 34' 43" N
41° 35' 53" E
Le Monastère de Vantir ou de Saint-Aghpérig
Վանդիր կամ Սուրբ Աղբերկայ վանք
-
056
Le Monastère de Saint-Jean ou de l’Oseraie
054
Le Monastère des Saints-Apôtres ou de Saint-Lazare, ou des Saints Traducteurs
-